Tom Cruise tombe le masque

Retrouver toute l'information sur www.lefigaro.fr

Tom Cruise Tom Cruise : «Le bonheur, c'est, pour moi, une vie sans mensonge et une succession de moments intenses». (DR)

 
Article Ferme les yeux... - 23/01/02
Web «Vanilla Sky» de Cameron Crowe, promotion française
- Promotion internationale (en anglais)
Filmographie de Cameron Crowe par IMDB
Filmographie de Tom Cruise par IMDB
Filmographie de Penelope Cruz par IMDB
Tom Cruise tombe
le masque

Producteur et interprète, il navigue entre rêve et réalité dans «Vanilla Sky» de Cameron Crowe. Dans cette comédie dramatico-fantastique, remake d'«Ouvre les yeux» d'Alejandro Amenabar, l'acteur incarne un homme séduisant et fortuné. Mais après un accident de voiture, il se retrouve défiguré.



Brigitte Baudin, avec à Los Angeles Marianne Ruuth
Publié le 22 janvier 2002


Il paraît lisse, limpide, sans aspérité. Il a tout du gendre idéal avec son sourire lumineux, son regard franc et son apparente désinvolture. En fait, Tom Cruise est tout en lumières et en ombres. Sa personnalité est complexe, secrète, énigmatique. Une enfance difficile lui a laissé des bleus à l'âme, un manque d'assurance et de confiance en soi. Pour lui, rien n'est acquis. Tout est à conquérir de haute lutte. Son credo: le travail, le travail, le travail.

C'est un perfectionniste en quête de la pierre philosophale, un joueur se lançant sans cesse des défis. Ses films, ses rôles le prouvent. N'a-t-il pas été tour à tour l'étudiant de Princeton qui tourne mal dans Risky Business de Paul Brickman, le pilote d'élite de Top Gun de Tony Scott, le vétéran du Vietnam alcoolique et paralytique de Né un 4 juillet d'Oliver Stone, un as du billard dans La Couleur de l'argent de Martin Scorsese, le frère d'un autiste (Dustin Hoffman) dans Rain Man de Barry Levinson, le yuppie de La Firme de Sydney Pollack ou le mari jaloux perdu dans le monde du sexe de Eye Wide Shut de Stanley Kubrick ?

Aujourd'hui, Tom Cruise relève un nouveau challenge. Il est producteur et interprète (au côté de Penelope Cruz et Cameron Diaz) de Vanilla Sky (un titre emprunté aux ciels vanille de Monet) de Cameron Crowe, le remake d'Ouvre les yeux du réalisateur espagnol Alejandro Amenabar. Dans cette comédie dramatico-fantastique, il incarne David Aames, un éditeur new-yorkais séduisant, fortuné mais très seul en dépit de ses nombreuses conquêtes. A la suite d'un accident de voiture, il se retrouve défiguré et obligé de porter un masque. Pas de chance. Il venait enfin de rencontrer l'amour en la personne de Sofia (Penelope Cruz), une immigrée aux dents longues...

«Je voulais à nouveau tourner avec Cameron Crowe, explique Tom Cruise. J'avais gardé un excellent souvenir de notre collaboration, cinq ans auparavant, dans Jerry Maguire. Il est intelligent, humain. J'aime sa manière d'écrire, sa vision des choses. C'est aussi un formidable directeur d'acteurs. Il vous pousse à vous dépasser. A relever de nouveaux défis donc à progresser. Cela me plaît! Cameron nous a montrés, à Paula Wagner (avec qui j'ai fondé une maison de production) et à moi, Ouvre les yeux, le film d'Alejandro Amenabar sur les trahisons de la réalité, reprend-il. Le sujet nous a emballés. Nous lui avons donc donné notre feu vert. L'univers d'Amenabar nous plaisait. Nous avons ensuite produit Les Autres, un terrifiant thriller dont l'héroïne est magnifiquement campée par Nicole Kidman.» Une histoire de famille somme toute.

Penelope Cruz, la pétulante et nouvelle compagne de Tom Cruise depuis son divorce, en janvier 2001, d'avec Nicole Kidman, appartient aussi à l'univers d'Alejandro Amenabar. Elle interprétait, en effet, dans la version originale, le personnage d'une jeune et insouciante noctambule. Lorsqu'elle a eu vent du projet de remake, elle s'est donc tout naturellement proposée pour le rôle de Sofia. Après avoir séduit Matt Damon (sur le tournage de De si jolis chevaux ) et Nicolas Cage (sur Capitaine Corelli ), il ne restait plus qu'à la ravageuse interprète d'Almodovar (Tout sur ma mère) de charmer Tom Cruise. Mission accomplie. Elle joue, à l'écran comme à la ville, son rôle à la perfection.

Tout au bonheur de revivre une belle histoire d'amour, Tom Cruise s'est investi dans ce film très personnellement et à plus d'un titre.«Incarner quelqu'un de défiguré à la suite d'un accident n'a pas été ma motivation première, avoue-t-il. Ce qui me plaisait par contre dans le personnage c'est son évolution constante. Il sort petit à petit de sa léthargie, de son trop grand confort. Il s'éveille à la vraie vie en prenant conscience de ses responsabilités envers lui-même et autrui. Il fait enfin face à la réalité. Il pose les questions essentielles sur la mort, la fragilité de l'existence et de l'amour. Il montre qu'il faut vivre chaque minute comme si c'était la dernière. J'adhère complètement à cette philosophie. Le bonheur, c'est, pour moi, une vie sans mensonge et une succession de moments intenses.»

La spiritualité voilà bien aussi quelque chose d'essentiel dans le quotidien de Tom Cruise. A 17 ans, il a d'ailleurs failli être moine. Il est resté un an chez les Franciscains avant de réaliser qu'il s'était trompé de vocation. Sa quête spirituelle et identitaire l'a conduit ensuite à l'Église de scientologie comme John Travolta. Il n'aime guère parler de cet engagement mais n'en renie aucun principe. C'est, estime-t-il, «sa planche de salut» après une enfance nomade et traumatisante. Son père, ingénieur en électricité, alcoolique et violent, lui inflige en permanence des coups de battes de base-ball, terrorise sa mère et ses trois sœurs. Ses parents divorcent en 1975. Tom a 13 ans. Il devient alors chef de famille. Il aide sa mère en vendant des journaux, en faisant la plonge, le soir, dans les restaurants. Sans repère, à la dérive, il manque aussi de tomber dans la délinquance. Il rêve d'être acteur depuis l'âge de cinq ans mais il est dyslexique.«Je fais partie de l'Eglise de scientologie depuis quatorze ans, dit-il. Elle m'a aidé à prendre ma vie en main. A avoir confiance en moi. La confiance en soi est la clé de la réussite. La scientologie m'a permis aussi de sortir de ma dyslexie, d'assouvir ma soif d'apprendre, d'explorer et de surmonter mes problèmes existentiels. Mais je ne fais pas de prosélytisme. Chacun a le droit de vivre, de croire, comme il l'entend.»